
Maman Travaille. Deux mots qui, bizarrement, semble difficilement compatibles parfois.
Et pourtant, la Science n’a pas démontré que la grossesse, puis la maternité, faisaient fondre les neurones d’une femme. Parfois, ça pourrait même leur donner des ailes … à nos neurones.
Parce que combiner les 2 reste quand même l’un des plus fabuleux numéros d’équilibre que j’ai jamais fait jusqu’à présent.
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Maman Travaille
Equilibre stable ou instable ?
Et la grande question qui se pose c’est quand même de savoir si le fait d’avoir des enfants change ou ne change pas la vie professionnelle d’une femme ? ses attentes ? ses priorités ? ce qu’on attend d’elle aussi ? (je préviens, je ne parle pas des inégalités de salaire ici).
Ok, pour certaines, non, ça ne change peut-être/probablement rien, et c’est leur mode de fonctionnement, leur choix (ou pas), elles arrivent à tout concilier comme si de rien n’était.
Pour d’autres, c’est plus complexe, moins tranché, la recherche d’un nouvel équilibre se fait lentement, en faisant des choix aussi (et encore, le simple fait de dire “choix” est un luxe).
J’appartiens à la catégorie de celles que la maternité aura transformé, lentement mais surement, et pas que dans la vie privée. Cette maternité aura chamboulé pas mal de choses dans ma vie professionnelle. Oh certes, pas d’un seul coup d’un seul, mais disons que ça a servi catalyseur de part et d’autre.
Avant
Plantons le décor : pendant 20 ans, j’ai dit haut et fort ne pas vouloir d’enfants, rester libre etc etc etc, je vous épargne le film éculé de celle qui voulait rester libre, libre, libre. Jusqu’au jour où … je vous résume le film là encore “Ils se marièrent et eurent des enfants”. Le conte de fées des temps modernes (quoi ?).
Avant de devenir Maman donc, j’étais capable de quitter le boulot tard le soir, de bosser le weekend, concentré sur l’objectif, limite obsessionnelle, prête à relever des tas de défis… J’avais aussi envie d’aller chercher de nouveaux défis ailleurs, en changeant de job, de boîte, d’environnement pour trouver un peu plus d’oxygène.
Mais j’aimais ce que je faisais, j’y croyais, et même si aucun job n’est parfait, que rien n’est acquis surtout dans le monde du travail, je continuais ma route, certes un peu au ralenti car n’étant pas d’un naturel “politicien”, je payais un peu mon tempérament “cash” de quelqu’un qui ose dire et montrer quand elle n’est pas d’accord.
Mais si on y repense, c’est peut-être un peu le lot de beaucoup d’entre nous, hommes ou femmes d’ailleurs. Toujours est-il qu’au moment de partir relever de nouveaux défis ailleurs, j’ai hésité, et je n’ai pas sauté le pas. L’histoire retiendra que quelques mois plus tard, j’étais enceinte…
L’annonce de la grossesse
C’est donc dans mon job que j’aimais mais que j’avais envie de quitter, que vint l’annonce de la grossesse. A 43 ans, annoncer une première grossesse, gémellaire, les a peut-être un peu scotché. Avec le recul, ça les a un peu arrangé aussi. C’est vrai qu’en l’espace de 3 semaines, j’ai annoncé une grossesse gémellaire et un arrêt complet pour mise au repos à l’aube du 4ème mois de grossesse.
Certains en auront retenu le fait que je serai absente longtemps, m’ont demandé à 4 mois de grossesse de réfléchir et de les tenir au courant sur mon intention, ou pas, de prendre un congé parental, avant même de me souhaiter de donner naissance à des enfants en bonne santé et de ne pas faire des grands prémas. Et si je vous racontais dans quel secteur je travaillais, vous en seriez sur le c… vous aussi.
Bref, au final, j’ai été absente pendant 11 mois.
L’annonce du retour
Bien évidemment, mon employeur a dû gérer cette absence, et j’ai été remplacée pendant ce long congé maternité. Normal. Bien évidemment, 4 mois avant la fin de mon congé mat, on m’a demandé ce que je comptais faire à l’issue du congé mat, en clair est-ce que je comptais reprendre à temps plein ou prendre un congé parental… Normal encore, du côté employeur, il faut prévoir.
Comme je savais que j’avais mes 2 places en crèche et que j’avais besoin, intellectuellement, de reprendre une activité “normale” c’est-à-dire non focalisée sur les couches et les biberons (bien qu’adorant mes filles), j’ai choisi de reprendre une activité “normale” – comprendre par opposition aux 480 couches par mois et au 16 biberons par jour du 1er mois de vie des mes jumelles.
Le petit rendez-vous pour préparer mon retour a été un peu sioux, du genre “tu es bien sûre que tu veux revenir, parce que tu comprends, là, ton poste, on va le couper en 2, et puis on va aussi peut-être surement te retirer 1 ou 2 projets (ceux auxquels vous tenez le + bien évidemment, dans lesquels vous aviez mis vos tripes), etc. Ambiance.
A sioux, sioux et demie, et le congé parental d’éducation à temps partiel m’est alors apparu comme le bon compromis (croyais-je) pour moi, avec un 80% lissé sur les 5 jours de la semaine : je refaisais fonctionner mes neurones ET j’avais du temps pour m’occuper de mes filles en allant les chercher à la crèche. Je me disais que ça allait le faire.
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Après
Début de la séquence sans filet
Les 2 années 1/2 qui vont suivre ne me serviront que de préparation (psychologique surtout) au changement. Après avoir repris le boulot en sachant pertinemment que les dès étaient pipés, j’ai tenté de résister, de me détacher suffisamment du fond et de la forme. En vain. Je ne peux pas me refaire, soit je fais les choses avec enthousiasme, soit je ne les fais pas. Game over en quelque sorte.
Lorsque la petite grosse goutte d’eau fera déborder le vase, je me surprendrai alors à devenir implacable, déterminée sur ce que je n’acceptais plus. A l’issue d’une magnifique cascade finale, je tournais donc la page sans regrets ni remords pour me lancer dans de nouvelles aventures entrepreneuriales, c’est-à-dire en mode “sans filet”.
Certains esprits qui ont toujours besoin de tout expliquer, y verront aussi peut-être une belle crise de la quarantaine. Si ça les amuse, pourquoi pas ? Je reconnais que je m’éclate bien pendant ma quarantaine : mariage, enfants, changement de vie pro, changement de région. Pfffiou, on ne m’arrête plus, vivement les 50 – mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir inventer pour m’éclater encore plus ??? !
Et Maintenant ?
Depuis que j’ai donc “envoyé tout balader”, j’ai cherché ce nouvel équilibre qui me ressemble plus, et qui essaie de me laisser suffisamment de temps et d’énergie pour m’occuper de mes filles et les voir grandir, les accompagner dans leurs apprentissages.
Tout système ayant ses avantages et ses inconvénients, quand on bosse de chez soi, on a plus de difficultés à “couper” entre vie privée et vie pro, on est un peu toujours le nez dans le guidon, mais après tout, je suis la seule responsable et il ne tient qu’à moi de m’organiser.
Loin d’être une féministe dans l’âme, n’ayant jamais rien revendiqué au nom de ma condition de femme, je tiens quand même à rassurer publiquement celles et ceux qui pourraient s’inquiéter de la santé de notre cerveau.
Car une fois que nous avons accepté la mission “Maman“, nous dévoilons les nouvelles et infinies possibilités de nos capacités multitâches et multifonctions (juste pour le cas où vous en douteriez encore).
- Nos neurones, nos connaissances, notre intelligence, nos expériences, ne s’autodétruisent pas à l’expulsion du placenta, et ne disparaissent pas non plus dans les couches de nos bébés.
- Il n’y a aucune raison physiologique ou scientifique valable et dûment vérifiée susceptible de nous faire avaler toutes les couleuvres que d’autres/nous n’avaleraient jamais en d’autres circonstances.
- Déposer ses enfants à la crèche le matin, et aller les récupérer le soir ne nous vaut pas un “bon après-midi” en partant à 17h00 (vécu, sachant que je bossais -et était payée- à 80 % SANS passer par la cafèt, moi…)
- Notre seule culpabilité quand nos enfants sont malades tient au fait que malgré tous nos câlins, nos bisous, nos nuits sans sommeil, nous devons parfois demander l’aide du médecin et des médicaments. Pour le reste, on ne devrait pas s’excuser en rougissant et en montrant le carnet de santé de nos enfants pour s’absenter et l’emmener chez le Dr. ou trouver la nounou de secours.
- On reste souriante malgré les nuits sans sommeil, coquettes en se levant 15 minutes plus tôt pour se laver les cheveux, se maquiller se préparer et ensuite préparer nos enfants
- On arrive à l’heure au bureau parce que de toute façon, on est réveillées et il faut emmener les enfants chez la nounou, à la crèche ou à l’école à l’heure (tandis que celle qui n’a qu’elle à s’occuper arrive tranquillou à 9h30 et prend soin de passer 30 minutes par la cafet).
- Nos to-do-list professionnelles sont tout aussi pafaitement organisées que nos listes de courses pour éviter la rupture de stock en couches, lait, petit pots et autres compotes. #professionnellesnoussommes
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Maman : Compétences niveau expert en gestion des Ressources Humaines, logistique & Planifaction, Management
Niveau d’expérience : Senior (+ 5 ans)
Le meilleur équilibre est encore celui qui nous convient, individuellement. Mon nouvel équilibre a ses avantages certains comme le fait d’être plus disponible pour mes filles, et des inconvénients non négligeables comme le fait d’être isolée si je ne prends pas l’initiative d’aller réseauter, de sortir, d’aller à des conférences, des formations, et de recherche les contacts directs plutôt que les échanges virtuels.
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Et ce n’est pas tout …
Allez, je vous la sers maintenant ? non parce que figurez-vous qu’en plus de tout ce que je viens de vous expliquer et de vous énumérer, on tient des blogs ! Si, on les crée, on les gère, on les alimente, on fait nos bannières, on écrit nos textes, on est omniprésente sur les RS, on gère des plans de publications à faire pâlir certains marketeurs …. et tout ça comment ?
parce que nous le voulons bien
&
que nous le valons bien
#cqfd
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- Et vous, comment avez-vous trouvé votre équilibre entre la vie professionnelle et la vie de Maman ?
- est-ce que cela a changé quelque chose pour vous ?
- ou est-ce que vous aimeriez changer quelque chose ?
Témoignages de Parents de Jumeaux (RDV #TeamMultiples)
- Comment j’ai retrouvé un peu de silence, sur le Blog de Nins
- Être TwinsMum @Work : mode d’emploi, chez Wow Mum
- Etre Twins Mum au Boulot, chez Maman Double Mixte
Oh que c’est dur de lire tes lignes. D’autant qu’avec le recul, je sais que ce sont les 3 premières années avec des jumeaux qui sont vraiment les plus dures, tant sur le plan perso, physique que boulot. Et ne pas avoir un minimum de “compréhension” à ce moment là dans son job, c’est juste ahurissant. A fortiori dans la pharma, quand même ! Perdre ta confiance dans ta boite, ça me semble difficile de faire autrement vu ce que tu décris, qui n’est quand même pas loin du harcèlement moral. Par contre, il faut croire en toi, toujours et encore. Coûte que coûte. Car c’est ce qui va te permettre de tenir, pour toi, pour ta famille, et pour un jour, aller voir ailleurs professionnellement parlant. Ce que je te souhaite. Courage 🙂
Hello, moi aussi je suis dans la pharma, et je me suis mise à 80% 1 an après l’arrivée de mes juleaux grands prémas. Autant dire tout de suite que l’après naissance ça a été l’horreur, et la reprise du travail l’horreur également. On a cumulé maladies, hospit’, perte d’emploi (mon conjoint), babyblues, babyclash, perte de nounou (et autres emm**des moins majeures. Bref) Dans ce contexte, ma chef est devenue encore pire qu’avant au niveau exigences. Après beaucoup de réflexion, consultation de RH etc, j’ai demandé un 80% ainsi qu’une rétrogradation : un deal pour 1) ne pas être envoyée en déplacement (ce fût le gros deal implicite) et 2) pouvoir faire mon 80% en terme d’horaires. J’ai perdu 30% de salaire. Mais pas que. Je vais pas raconter ça là car trop long , mais pour dire que cette décision (qui était nécessaire à notre survie et à partir de laquelle j’ai sorti la tête de l’eau et commencé à repêcher ma tribue avec moi), m’a valu ma crédibilité (ou autre chose, je ne saurai jamais) au niveau management, et que j’ai bien morflé au niveau saccage dans le boulot. J’ai beaucoup perdu, et le management (les chefs successifs- tiens tiens je change de chef toutes les années maintenant, aprés 5 ans avec la même). Je me suis donc retrouvée seule à gérer les batailles. Jusqu’à en tomber trop malade. J’ai été rétrogradée une seconde fois dans une pseudo restructuration du departement, cette fois ci pas sur ma demande, bien évidemment.
La dégringolade.
Aujourd’hui malgré ma volonté de prendre du recul, de la distance, et de me focaliser sur le boulot plutôt que toute cette pollution , j’ai perdu toute confiance en cette boîte, et probablement en moi aussi.
A refaire pourtant, je referai pareil. Question de survie.
En fait, avec le recul, c’est difficile de dire si cela aurait été différent en ayant qu’un seul enfant à la fois. Pour le projet, je l’ai lancé en janvier, c’est Côté Kids -;)
Je ne suis malheureusement pas surprise des tes déconvenues…. Mais quel est ce nouveau projet dont tu parles en commentaire?? #curieuse.
Plein de réussite a toi en tout cas car ca sera amplement mérité
<3
Coucou, je suis ton projet que je trouve génial, même si je ne peux pas venir le 5 car je dois déjà emmener mes filles à un anniv, mais on aura l’occasion de se revoir, je suis ta boutique etc. Pour la petite histoire, je travaillais dans la pharma, un secteur médical donc et où il y a plus de femmes, et où tu pourrais t’attendre à plus de “compréhension”. Bref. Mon nouveau projet devrait voir le jour avant la fin de l’année, je garde le suspens d’ici là -;) Allez, tout plein de d’ondes de réussite pour Beautiful Mum !
Changement de voie complet! La maternité m’a donné des ailes et même si ça ne fonctionne pas, je sais que mon équilibre ne se trouve pas dans le travail salarié: maintenant que j’ai ma fille, je veux pouvoir m’organiser, la voir matin et soir, prendre le temps d’en profiter, quitte à travailler la nuit!
“Certains en auront retenu le fait que je serai absente longtemps, m’ont demandé à 4 mois de grossesse de réfléchir et de les tenir au courant sur mon intention, ou pas, de prendre un congé parental, avant même de me souhaiter de donner naissance à des enfants en bonne santé et de ne pas faire des grands prémas. Et si je vous racontais dans quel secteur je travaillais, vous en seriez sur le c… vous aussi.”
→ Du coup, tu m’intrigues: j’ai envie de savoir dans quelle branche tu es!!!